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Recruter un rédacteur technique : ingénieur ou rédacteur ?

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Un ingénieur sinon rien ?

Trop souvent, le rédacteur technique qui se positionne sur le marché du travail s’entend répondre par le recruteur :

« Pour ce poste là, nous préférons un ingénieur. » engineer_by_cutekakashi

En voilà une idée qu’elle est bonne !

Un ingénieur est de facto un rédacteur (en général, l’ingénieur ne le sait pas qu’il est AUSSI rédacteur…)

 

Par contre, le recruteur, lui, il sait !

recruteurIl n’a aucune idée du métier de rédacteur technique, mais il décrète que, pour faire de la documentation utilisateur, il faut un ingénieur.

 

 

Face à ces (fausses) certitudes, que répondre ?

1. Premièrement, porter la discussion sur le job de l’ingénieur.

Le coût

« Vous avez recruté cet ingénieur pour concevoir et développer vos produits, pour rechercher les meilleures solutions techniques, pour faire des essais. Vous le rémunérez en conséquence, au tarif ingénieur performant.

Vous voulez vraiment lui confier la documentation (qui sera produite à un tarif particulièrement élevé… très chère documentation !) ? »

Les compétences

recruitment_decoupages

Recrutement et compétences

Interroger également le recruteur sur la formation de l’ingénieur. Un recruteur s’arrête toujours sur les compétences et la formation des candidats, n’est-ce pas ?

C’est le moment, donc,  de s’enquérir auprès du recruteur :

« Etes-vous certain que l’ingénieur en question a été formé à la rédaction technique ? Non ?…

…mais vous lui confiez des tâches pour lesquels il n’a pas eu de formation et qui vont vous coûter cher. Est-ce vraiment une gestion optimale des ressources humaines ? »

Le surcoût

En effet, pendant que l’ingénieur rédige (très souvent à contrecoeur : il n’aime pas cela), il n’effectue pas les tâches pour lesquelles il a été recruté.

La recherche de l’amélioration du produit, le suivi des évolutions technologiques, la mise en place des « Best practices », tout cela est abandonné pendant que l’ingénieur s’évertue à définir, par écrit, les processus d’utilisation du produit…

Ca commence à faire cher, n’est-ce pas ?

2. Deuxièment, se focaliser sur les compétences du rédacteur

C’est le moment de passer au coeur du métier de rédacteur.

Nombreux sont les rédacteurs qui ont TechnicalWriter_Ecranobtenu un Master 2 en Technical Communication. Leur polyvalence en fait de véritables professionnels multi-tâches.

 

Et l’ingénieur, lui,

  • a-t-il été formé à l’ergonomie de la documentation,
  • a-t-il une certaine expérience en conception d’un Guide rédactionnel,
  • sait-il indexer un manuel,
  • quelle est son opinion sur la migration de la documentation sous DITA ?

« Comment ca, il n’a aucune notion de la documentation structurée ?… »

C’est gênant, très gênant.

« Il n’a jamais produit autre chose que du texte au kilomètre en travaillant sous MS Word ?

Pas très « user-friendly » tout cela..

Mais au fait, nous sommes d’accord : l’ingénieur sait au moins comment créer des « personas » (utilisateurs-types), n’est-ce pas ??!!! »

handbook_TechWriting

Non ? Alors là, effectivement, c’est un ingénieur !… pas un rédacteur !

Or, vous recrutez un _rédacteur_, cher recruteur…

 

La technique, c’est du domaine de l’ingénieur ! Point à la ligne.

Et c’est là où le recruteur vous attend, vous le rédacteur : vous ne connaissez pas la technique (c’est un produit à haute technicité’), donc vous ne pouvez pas faire la documentation.

Seul un ingénieur peut s’en occuper.

 

f35b-marine_PilotLa preuve, le problème de la documentation des F-35 cloués au sol.

Le parachute avait éte monté à l’envers sur le dos du siège du pilote.  La documentation avait été  confiée à des ingénieurs. Cela a coûté des _millions de dollars US_ du fait de l’immobilisation  des avions (pour démonter et remonter les parachutes dans le bon sens).

 

Les ingénieurs n’avaient pas pensé à soigner leur procédure d’installation, si bien que les techniciens n’avaient pas les bonnes instructions. Première étape :

« 1.  Tourner le siège de 180 ° avant de fixer le parachute ».

L’atterrissage par vents contraires dans la documentation Airbus

Toujours dans l’aéronautique, on se souvient de l’atterrissage très hasardeux sur l’aéroport de Hambourg (Allemagne) dans des conditions extrêmes : atterrissage par vents contraires.

La vidéo rend très bien le problème.

Comment est-ce qu’une telle erreur d’appréciation était possible ?  Les procédures d’atterrissage sont ingenieur_Aeronautiquepourtant bien définies dans les manuels destinés à l’équipe de pilotage, non ?

Et bien voilà ce que dit le rapport d’accident :

« The terminology maximum crosswind demonstrated for landing was not defined in the Operating Manual and in the Flight Crew Operating Manual, and the description given was misleading

En matière d’ergonomie, les ingénieurs chargés de la documentation de l’A 320 s’étaient un peu égarés. Voici ce qu’il est reproché à la documentation fournie aux pilotes :

« OM/B and FCOM Vol.3 described “33kt gusting up to 38 kt” was described
as the maximum crosswind demonstrated for landing, but was positioned in the
chapter Operating limitations. »

Frenchcrosswindtechnique

Effectivement, confronté à une situation critique de vents contraires, le pilote va probablement rechercher les informations dans une rubrique « Crosswind landing« , n’est-ce pas ? et bien non ! Il a tout faux : il faut chercher dans « Operating limitations » ;-(( 

Et là, seul un rédacteur technique dûment formé, aurait su éviter l’erreur ; il sait effectivement comment formuler un titre de rubrique et comment maintenir une terminologie constante et invariable.

Eliminer l’ingénieur du processus de documentation ?

Que nenni ! Absolument pas…

Le rédacteur technique sait très bien s’intégrer dans une équipe et, en particulier, coopérer avec l’ingénieur … pour le bien de la documentation produite !

ComprendreDoc_GanierDès le début du processus de documentation, le rédacteur organise des interviews d’ingénieurs pour aborder les caractéristiques du produit. Il s’agit d’un vrai travail d’équipe.

Au moment de la validation de la documentation, c’est bien entendu l’ingénieur qui relit le document avant publication.

Et c’est comme cela, cher recruteur, que l’on obtient une documentation de qualité, ne vous en déplaise !

Nous, rédacteurs techniques professionnels, savons composer une documentation utile et utilisable.

Vous, recruteurs, il serait vraiment temps que vous révisiez vos a priori sur le métier et preniez le soin de vous informer :


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